« Géant commercial, nain politique » – l’expression résume assez les relations sino-nippones, avant que n’ait eu lieu la visite de Hu Jintao à Tokyo (6-10/05). La visite de Jiang en 1998 avait été un fiasco : il n’y avait pas eu de déclaration conjointe, et par la suite, le n°1 japonais Koizumi avait souvent visité Yasukuni, le sanctuaire négationniste : endommageant chaque fois la relation.
Aujourd’hui, ces réactions épidermiques sont du passé. Les pays ont fait de la réconciliation une priorité. Hu Jintao passe au Japon sa plus longue visite à un pays, après que l’an passé, juste nommé 1er Min., Yasuko Fukuda avait consacré à Pékin sa 1ère visite, tout en jurant d’éviter à l’avenir tout passage au mémorial.
Durant la visite, Hu et Fukuda ont suivi une intense série de débats et signé un genre de nouveau traité d’amitié, promettant «une relation mutuellement bénéfique»…Sur la question du gaz offshore en eaux mitoyennes, déjà unilatéralement exploité par Cnooc, une JV conjointe est dans les langes – peut-être en mer de l’Est, en zone de Shirakaba (Chunxiao). Sur la question très sensible pour Tokyo, du futur protocole de Kyoto-II, contre le réchauffement climatique, un Hu Jintao encore frileux, se dit prêt à «étudier des moyens de participer à la réduction des gaz à effet de serre de 50%, d’ici 2050 ». Voire, à soutenir la voie préconisée par Tokyo (mais pas par l’Europe!) de quotas modulables par secteurs, en fonction de leur efficacité énergétique.
Dans l’immédiat, les konzern nippons Toyota et JGC (ingénierie) s’engagent à s’associer au pétrolier chinois CNPC, à l’électricien Huadian pour réinjecter 1Mt/an de Co² de la centrale thermique de Harbin, dans le gisement de Daqing en fin de cycle, et d’en fluidifier le pétrole, augmentant ainsi le rendement de 2t/an.
Après cette visite qui marque un tournant, reste entre Chine et Japon… la relation à rebâtir. Les conflits territoriaux à régler, les questions de Taiwan, d’un siège permanent nippon au Conseil de Sécurité. Et par-dessus tout, la méfiance mutuelle, partagée en Chine par 70% des habitants. Mais tout ceci n’est que le signe du passé : les gouvernements ont compris et accepté qu’ils n’avaient pas le choix. Comme pour donner le ton, pour remplacer Ling Ling, le panda du zoo de Tokyo mort de vieillesse (à 22 ans) fin avril, Hu apportait dans ses valises deux de ces ours blancs et noirs : symbolisme à l’asiatique, de volonté de doubler l’amitié !
Avec la Corée du Sud, Pékin convient (5/05) de miser 64MM$ dans un Fonds Monétaire Asiatique complété par 16MM$ de l’Asean. Il s’agit, entre Etats de la zone, de créer un outil pour résister aux attaques des fonds de pension. Les US étaient contre, par crainte de voir souffrir le FMI—leur propre fief. Mais ils n’ont pu empêcher l’Asie, notamment la Corée, de reprendre un peu de liberté.
Sommaire N° 16