Pol : Porte-avions —longue marche, petits pas

Ces hauts cadres indéboulonnables…

Ce n’est pas un mince paradoxe, que le scandale de la rupture de la digue de Taoshi (Shanxi, 8/09) soit relégué dans l’ombre par celui du lait (cf p.1), quoique celui-ci ait causé 270 décès, contre 4 à celui là. Il s’agit pourtant d’un cas d’école: tout y est illégal. La mine de fer de Tashan opérait sans licence. La digue était faite de gravas, en amont d’un village de 1000 âmes, en infraction à tout règlement. L’accident fut délibérément minimisé, empêchant les secours d’accourir sauver des vies ensevelies sous des 100aines de milliers de tonnes de boue. Comme dans la crise du lait, Pékin, exaspéré de voir l’image du régime compromise par l’incompétence et l’appât du gain, prend des mesures fermes. Une série de hauts cadres sont chassés, dont le gouverneur provincial Meng Xuenong, provisoirement remplacé par Wang Jun, expert de la sécurité au travail. D’entrée, Wang enquête sur les aspects «corruption» et «dissimulation des faits». L’opinion braque le projecteur sur Meng. Dès 2003, alors maire de Pékin, avait été limogé une 1ère fois pour avoir nié durant trois mois l’existence du SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère), permettant ainsi à sa ville d’en devenir le dernier grand foyer épidémique. Puis Meng, (ami personnel de Hu Jintao) était discrètement parachuté dans le Shanxi l’été 2007. La Chine entière retient  son souffle : y aura-t-il une 3ème chance pour Meng Xuenong ?

  Porte-avions —longue marche, petits pas !

C’est le monstre du Loch Ness version chinoise: le céleste porte-avions, merveille de la technique intégrant et miniaturisant tous les savoir-faire des navigations maritime et aérienne de combat. Seules cinq puissances maîtrisent ce concentré technologique. Avec ses ambitions de redéploiement aéronaval sur au moins deux océans,  la Chine ne peut se permettre d’en faire l’impasse. Sur la stratégie retenue pour y parvenir, l’armée, l’APL vient obligeamment de nous fournir des indices. Le 1er réside dans cette formation de «capitaine-pilote de navire de guerre», dispensée depuis 1987 par l’Académie navale de Canton. Très fermée, cette école ne forme qu’une poignée d’officiers au plus haut niveau de compétence, tous candidats potentiels au poste de « commodore ». Le 2d consiste en une autre filière de formation de 50 étudiants pilotes d’aéronavale, qui vient de s’ouvrir au sein de l’Académie de marine militaire de Dalian, destinée à acquérir la maîtrise théorique (automation, ingénierie du vol assisté, systèmes aéronautiques et d’armes), le vol à  terre, puis embarqué. Le navire-école serait le bon vieux Varyag, ex-soviétique, ex-ukrainien, coque inachevée, rachetée 20M$ (au poids de l’acier) en 1997, que Pékin veut motoriser et équiper des catapultes nécessaires à l’envol et à la réception sur piste confinée. Pour l’avion, peut-être les 50 Sukhoi-33 « Flanker D » commandés (50M$ pièce) l’an passé? Mon tout devant donner, à l’horizon 2015-2020, le premier porte-avion chinois d’active.

 

La Chine, convertie à Doha

Immuable, la religion de la Chine face à la ronde de Doha de l’OMC (l’offre d’échanges de concessions mutuelles entre pays membres, en matière de services, de produits agricoles et industriels) se réduisait à la litanie du « on a déjà donné » : elle refusait toute concession supplémentaire à celles de son accession au club en 2001. Et lors de la session de juillet, l’échec (à un fil) était attribué à Delhi, mais aussi à elle. Dans ces conditions, la position de Chen Deming, ministre du commerce, semble un virage à 180°, déclarant la reprise des entretiens une nécessité pour tous, pour affronter la raréfaction raide du crédit mondial: «la Chine qui s’ouvre toujours maintient son soutien ferme au système commercial multilatéral » – dont acte ! Il est vrai que les 200MM$ d’économies pressenties pour les pays partenaires, si les accords de Doha étaient signés, sont plus désirables maintenant qu’hier. Vrai aussi, les 27 pays Européens, fatigués d’attendre, veulent autre chose : des accords de libre échange (ALE) bilatéraux. Or, les diplomates chinois ne le savent que trop, ces mêmes ALE, qu’ils favorisent et négocient depuis des lustres, mettent bien du temps à se matérialiser. C’est pourquoi ajoutant l’acte à la parole, la Chine va à Genève le 17/09 pour rattraper avec 6 autres grands, l’accord échoué 60 jours plus tôt sur la question d’un droit aux pays pauvres de bloquer l’export vert des pays riches sous certaines circonstances. NB : demande chinoise n°1 : l’accès illimité de ses produits agro-alimentaires en Europe et aux USA; concession n°1 attendue d’elle : l’ouverture de son marché des services.

 

 

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