A la loupe : Chine/USA : on s’entend mieux en temps de crise

La déception chinoise suite à l’implosion du système financier américain, ne doit pas faire perdre de vue l’essentiel : avec 387MM$ d’ échanges l’an passé, dont 321,5MM$ d’export, la Chine est 2d partenaire commercial des Etats-Unis, et leurs rapports étroits se traduisent par 19 sommets commerciaux en 25 ans. Le dernier se tint les 14-16/09 à Yorba Linda (Californie) entre Carlos Gutierrez (Secrétaire d’Etat au commerce), Susan Schwab  (Représentante au commerce), Ed Schafer (Agriculture), Wang Qishan (vice 1er) et Chen Deming (Ministre du commerce) : rencontre moins destinée à rééquilibrer directement la balance, qu’à créer des instruments d’avenir et à lever des barrières.

Pékin a levé l’embargo sur le poulet hier accusé de grippe aviaire, dans six Etats américains, le maintenant sur la Virginie et l’Arkansas. Sur le boeuf en revanche, tout ce que M. Schafer a pu obtenir, est la convocation prochaine d’un groupe d’experts paritaire – le fantôme de la vache folle hante toujours.

Pékin a aussi concédé en matière de télécoms, baissant le prix du «pas de porte» aux opérateurs étrangers, de 220M$ à 146M$ – mais ils restent limités à 49% de leur JV en Chine : la concession ne bouleversera pas ce secteur chasse gardée nationale !

En matière médico-pharmaceutique, Chine et USA s’accordent à employer un code de standards unique, permettant d’accélérer la certification, tout en prévenant l’export de produits contaminés, comme l’an passé avec l’anticoagulant Héparine.

C’est donc un effort concessionnaire reposant surtout sur la Chine qui fait le succès de ce sommet : une Chine doit désormais aller de l’avant pour nettoyer tous les passe-droits, chasses gardées, contrefaçons qui coûtaient l’an dernier 3,5MM$ aux entreprises américaines de l’audiovisuel sur le marché chinois.

Ce même effort chinois d’accommoder les doléances du partenaire, se lit aussi côté européen : selon la Chambre de commerce de l’Union Européenne, la part chinoise dans les contrefaçons saisies l’an dernier, a reculé de 20%, à 60% – l’Europe, d’ailleurs, nomme un « Monsieur-piratage », pour aider Pékin à réprimer la vague de fausses cigarettes made in China déferlant sur l’Europe. De même, le dernier (3ème) projet chinois de loi des brevets satisfait 80% des objections de la Chambre, et dans un rapport imminent, la Commission de Bruxelles salue les «progrès considérables» de la Chine dans sa quête d’un octroi européen du statut de « pays à économie de marché ». Elle a avancé en matière de comptabilité, de droit de la faillite, de propriété (privée, ou intellectuelle). Elle doit encore progresser en matière de tarification de l’énergie et d’indépendance des banques.

NB : Tout ceci pour suggérer qu’en période de crise, de blocs à blocs, le réflexe protectionniste n’est pas une fatalité.

 

 

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