Démesuré, ce futur nouveau Caire, à 50km de l’actuel, 700 km² pour 7 millions d’habitants, doit sortir du désert d’ici 2023.
La première phase a été confiée en janvier à la CSCEC (China State Construction Engineering Corp), pour un budget de 2,7 milliards de $, avec participation de l’AIIB, la banque sino-internationale. En avril, les engins de terrassement de groupes locaux de génie civil s’ébranlaient pour les premiers travaux, voirie, égouts, communications. Suivront Palais des Congrès, Parlement et 12 ministères, à bâtir d’ici 2019.
Pour la ville complète, la presse cairote évoque un coût de 45 milliards de $, dont un tiers serait payé par Pékin en prêts, dons et déclarations d’intention.
Un doute sur ce projet, tient à l’absence de déclaration officielle chinoise de financement. Un autre réside dans le décorum grandiose du projet d’Abdel al Sissi, le Général-Président de la République. L’aéroport international doit dépasser en taille celui d’Heathrow, les gratte-ciel plus haut que la tour Eiffel, le parc municipal plus grand que Central Park à New York, le parc d’attraction doit faire le quadruple du Disneyland d’Anaheim (Californie) tandis que le réseau d’avenues et boulevards aspire à une longueur de 10.000km…
Tout cela fait somptuaire, et n’est pas forcément dans les besoins ou les moyens de la capitale d’un pays pauvre, de surcroît plongé dans les affres d’un climat insurrectionnel. Cet apparat s’inscrit bien sûr dans la tradition grandiose d’une Egypte fière de son passé antique. Mais il porte aussi la griffe du Président d’un régime militaire, isolé, et qui a besoin d’impressionner.
Coïncidence : cette demande complète à 100% celle d’une Chine anxieuse de réussir son entrée dans le monde comme développeur et dispenseur de croissance, avec son plan stratégique de « une ceinture, une route ». Sous cet angle, donner à la première ville d’Afrique son nouveau visage de puissance, serait une vitrine intéressante.
Argument contre : où trouver l’argent, alors que partout, la Chine resserre ses budgets pour passer à une économie durable ?
Enfin, en Egypte-même, beaucoup de critiques et de doutes accompagnent le projet : nombre de tentatives de redéploiement urbain au Caire, ont abouti à des villes-satellites peu réussies et peu rentables.
Sur le fond pourtant, une telle vision urbanistique futuriste a un sens, et même une urgence : au Caire, des milliers de foyers colonisent les cimetières, et les 18 millions de Cairotes, seront 40 millions d’ici 2050. A tel chantier, on ne peut donc que souhaiter bonne chance !
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1 Commentaire
severy
10 mai 2016 à 13:55Et l’eau potable alimentant cette ville, elle viendra d’où?
Projet pharaonique qui risque de finir en eau de boudin (ce qui n’est guère halal!).