C’est une loi touchante qui entra en vigueur le 1er juillet : tout Chinois a l’obligation de rendre visite à ses parents « souvent » et de leur envoyer leurs vœux à l’occasion. Prononcé le même jour à Wuxi, un verdict de justice précise l’idée : un couple est astreint de visiter la vieille mère de l’épouse (qui a porté plainte pour abandon) « au moins six fois l’an », plus « trois fois durant les fêtes », et de lui payer compensation pour la négligence passée.
En un certain sens pourtant, la loi enfonce une porte ouverte. Depuis l’antiquité en Chine, la vieillesse est sacrée, et les devoirs envers elle, largement repris par Confucius. Un livre antique, « les 24 exemples de piété filiale » (auteur, Guo Jujing) vient d’être réécrit par l’Etat, à usage de la jeunesse qui doit, entre autres : payer à ses parents une assurance-santé et leur apprendre à surfer sur internet.
Mais la loi couvre aussi une bombe en train d’éclater. Fin 2013, les sexagénaires seront 200 millions, dont 45% ne voient plus leurs enfants, ou rien qu’une fois l’an. Souvent, l’ « abandon » est involontaire, dû à l’exode rural. Ici, la loi ne comprend pas cette situation, et n’est pas applicable.
Le problème ne fera qu’empirer : en 2050, ces vieillards seront 483 millions, et les jeunes pour les soutenir seront 24% de moins. Cette solitude est matérielle -la pauvreté- et spirituelle -la peur de la mort. Et là, sur cette loi, le jugement des internautes est sans appel : « dans les affaires de conscience, on ne légifère pas » !
Sommaire N° 24