Technologies & Internet : Spatial : Une femme et deux hommes tournent en rond

Ce 16/06, à 18h37, dans le soleil à l’horizon de Jiuquan (Gansu), décolla la fusée Long March 2F, la cabine Shenzhou-9, avec à bord Jing Haipeng (46 ans), Liu Wang (43 ans) et pour la première fois une femme, Liu Yang (34 ans), major de l’armée de l’air. Les cosmonautes laissaient sur Terre une équipe de rechange, qui les aurait relayés en cas de nécessité. Liu Yang avait pour doublure Wang Yaping capitaine, toutes deux engagées dans l’armée de l’air en 1997 et mariées –conformément aux énigmatiques mais stricts critères de sélection des dames chinoises de l’espace.

Liu était depuis longtemps l’élue de la mission, même si officiellement, le tri restait ouvert jusqu’à l’avant-veille. Mais à en croire ses biographes, Liu avait la carrure. Durant ses 4 ans d’école de pilotage, elle n’avait pas permis à ses parents la moindre visite. Et quand, en septembre 2003, elle s’était pris au décollage 19 pigeons dans un réacteur, brisant les ailettes et lui faisant prendre feu, elle avait réussi à reposer l’appareil quelques minutes après, comme à la parade, selon la procédure…

La mission, pour la Chine, apportera plusieurs nouveautés, comme, cet arrimage piloté par les cosmonautes, avec Tiangong-1, le module orbital de 9,4t, sur orbite depuis septembre. Elle battra aussi le record chinois de durée, avec 10 jours consacrés à un lourd programme de tests et d’exercices –qui exclura toutefois toute promenade dans l’espace.

Par rapport aux trois vols habités précédents, la vie à bord du module sera confortable, dans un séjour de 15m² avec cabines et toilettes séparées. Les tenues de séjour spatial, shorts sur mesure, chaussettes « sportives » et sous-vêtements thermophiles, les attendent à bord. Selon la pratique internationale, la majore Liu a droit à plus d’eau que les hommes, et même à des produits cosmétiques « ni toxiques, ni contaminants ». Les menus alternant viande, légumes et poisson ont été cuisinés en partant d’un « panier de la ménagère », cultivé et élevé hors toute pollution.

D’un coût global en milliards d’euros, le programme militaire Shenzhou-Tiangong remonte à une dizaine d’années en arrière, et vise pour l’horizon 2020 un alunissage, et le maintien d’une station spatiale chinoise autonome, habitée en permanence. D’ici là, l’agence veut acquérir de l’expérience sans griller les étapes. 

Ainsi, dès novembre 2011, après 2 mois sur orbite, le module avait été téléarrimé depuis la Terre avec la cabine inhabitée Shenzhou-8. Ce mois ci, il avait été mis en orbite basse en prévision de l’arrimage avec Shenzhou-9. En 2013, il recevra encore Shenzhou-10, avant d’être ramené dans l’atmosphère, puis remplacé par la station définitive.

Dernier détail qui touche: le programme spatial chinois n’oublie jamais les dangers que comporte l’expédition pour ses membres : le 10/06, à Jiuquan, discrètement, les trois cosmonautes et leurs doubles se livraient à une cérémonie discrète de plantation – un arbre chacun, symbole de son âme…

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