Agroalimentaire : La ferme aux 100 000 vaches – un effet bœuf !

Le secteur laitier en Chine poursuit sa course au gigantisme, aidé par l’Etat qui vise à rétablir la confiance en le « made in China » par des hyper-fermes investissant dans l’hygiène et la technologie. Cet élevage sous halle rencontre toutefois un obstacle technique : où trouver le fourrage ? Réponse, à l’étranger, en grande partie (hémisphère Sud). Autre souci : où trouver le marché, alors que les importations démentielles des années passées ont fait s’effondrer les cours l’an dernier en Chine ? Ici, la Chine a une chance, provisoire : les sanctions occidentales contre la Russie depuis un an, pour cause d’annexion de la Crimée, viennent d’être reconduites pour six mois par Bruxelles. Pour compenser, la Russie aspire chez elle tous produits agricoles, y compris laitiers. 

Jusqu’à présent, la plus grande ferme de Chine se situait dans le Dongbei, avec 40.000 têtes. Aujourd’hui, c’est le groupe Zhongding qui monte une ferme près de Mudanjiang (Heilongjiang), en JV avec la région sibérienne de Severny Bur : pas moins de 100.000 vaches, dont le fourrage proviendra de 100.000 hectares cultivés de part et d’autre de la frontière. Jusqu’alors, le lait allait aux grands groupes du Dongbei (Mengniu, Yili) ou shanghaïen (Bright). A l’avenir, une grosse partie s’en ira pour le Nord, direction la Russie. 

Zhongding est un groupe du Hebei, fondé en 2013 par d’anciens cadres de Mengniu (n°1 national). Début 2015, il avait concentré 32 fermes petites et moyennes et 25.000 laitières. En mars, son Président Sun Guoqiang, obtint d’investisseurs 400 millions de yuans dont 140 de CDH (un des plus grands fonds d’investissement du pays) visant le quadruplement du cheptel, par rachat de 100 fermes « d’ici fin 2015 ».
Une chose frappe toutefois : les 25.000 vaches initiales, ne produisent que 260 tonnes de lait par jour, soit 10 litres par animal et le tiers de la productivité d’Europe ou de Nouvelle-Zélande, indice d’une pauvre nutrition. Mais la ferme a pour l’investisseur russe un atout d’une attractivité imbattable : elle reste hors de l’embargo occidental, et peut faire venir du Brésil ou d’ailleurs les protéines et tourteaux d’oléagineux manquants. 

Et une fois les sanctions russes levées, la ferme de Zhongding garde un avenir prometteur : d’après la Banque mondiale, l’autosuffisance laitière de la Chine, en 2012 de 86%, doit baisser à 76% d’ici 2030 – ce qui signifie que le besoin local demeurera fort. 

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