Petit Peuple : Changsha – Don Yuan, l’éternel tombeur

Dès le plus jeune âge, Yuan Li a appris à chalouper dans sa vie, en compensant sa mollesse (disons-le, sa paresse) par son opportunisme, instinct inné à détecter les situations à son avantage, ainsi que par ses talents de joueur et de bluffeur.

À Changsha (Hunan) sa ville natale, ce fils unique de 35 ans (mais qui en parait 15 ans de moins) a été gâté plus que de raison par une maman qui voyait en lui l’enfant du miracle. Son père, chef d’usine, qui partageait sa vie entre son bureau, son nid d’amour et d’autres lieux de plaisirs avec ses relations d’affaires, négligeait la maison et ses devoirs d’éducation.

De cette jeunesse dorée , Yuan Li a acquis le « tempérament du jeune maître » (少爷脾气, shàoye píqi) – un caractère capricieux. Afin que sa mère lui cède tout, il avait appris à la manipuler, alternant flatteries et mots cassants, caresses et froideur inflexible. 

Très vite, son visage angélique et son apparence flatteuse l’ont poussé à reproduire l’emprise qu’il avait sur sa mère, auprès des filles de sa classe. 

Mais son regard inquisiteur ne trahit que l’énergie appliquée à subjuguer les autres, et non celle d’étudier, ni de construire, ni de voyager – aucun grand rêve ni projet de vie. Tout ce qui l’intéresse, est de multiplier les conquêtes pour jouir de son pouvoir sur elles. Sans le savoir, Yuan Li avait dès lors sa carrière gravée dans le marbre, celle d’un gigolo !

Xiaohua, sa première conquête en classe de troisième, il l’avait séduite en 2000, à 15 ans. Lihong, la seconde, suivrait trois semaines plus tard. Dès ce moment, il donnait la preuve de son formidable don de dissimulation, parvenant à mener plusieurs relations simultanées avec des écolières se connaissant, sans que ces dernières n’aient jamais le moindre soupçon de la duperie dont il se rendait coupable à leur égard… 

D’un naturel languide, cet amoureux du moindre effort faisait l’école buissonnière. À 16 ans secrètement, Yuan Li abandonnait les études. Mis quelques mois plus tard, devant le fait accompli, son père enragé le chassa de la maison, lui intimant de subvenir à ses besoins. « Qu’à cela ne tienne, se dit alors Yuan Li, le sourire aux lèvres, ce seraient « mes » femmes qui me feraient vivre désormais » ! 

Les séduire était si facile, rien que par le regard, les yeux dans les yeux. A toutes ces filles de rencontre, il lui suffisait de leur faire entrevoir le bonheur d’une vie commune. 

Tôt, il s’était fait une conception de l’amour au féminin, ridiculement fausse, mais redoutablement efficace. Parlant peu, exigeant tout, récompensant tel un lion superbe et généreux, il se rendait maître en peu de temps. Elles tombaient sous sa coupe, n’ayant plus rien à lui refuser. Puis sa botte secrète était de les faire languir, sans même donner de ses nouvelles. Il disparaissait, trop occupé à passer chez toutes les autres. 

Puis resurgissait pour une nuit, retour inopiné comblant la belle de bonheur après tant de solitude. Il repartait le lendemain, au plus tard après 2 ou 3 jours – ne jamais les laisser le retenir, tel était son principe.

Par contre, fait très remarquable chez ce séducteur professionnel, avec ses centaines de ses maîtresses, Yuan Li ne rompit qu’une fois. Quitte à ne les revoir qu’une fois par mois, ou par an, il retournait toutes les voir un jour. Et pour cause, à chacun de ses passages, après avoir seriné une explication pour justifier son absence (une histoire à dormir debout—plus c’était gros, et plus ça passait), il exigeait son écot : une liasse de billets, un dîner dans un bon restaurant, une virée dans un centre commercial à la mode pour refaire sa garde-robe,- avec l’argent des amantes. Et toutes acceptaient !

Ainsi Qingye, la seule qu’il épousa (une erreur de jeunesse) avant d’en divorcer sur le tard, lui remit un total de 250.000¥ en 7 ans. 

Tentant une estimation grossière des prélèvements de Yuan Li , le Journal de Changsha évoque 500.000 ¥ en 10 ans auprès de toutes ses maîtresses –mais comme il ne note que les montants avoués par ses victimes, on peut imaginer que le butin réel ait été beaucoup plus lourd. 

Tout s’arrêta le 24 mars 2015, quand au volant de la BMW d’une de « ses » femmes, il eut un accident. 

Opéré d’urgence, son état imposait à l’hôpital, selon le règlement, de contacter ses proches dont les numéros figuraient sur son téléphone portable ou son Wechat. 

Et voilà qu’en quelques heures, au couloir des visiteurs, non pas une, mais 17 femmes se présentèrent l’une après l’autre, toutes exigeant de voir leur compagnon blessé—celui avec lequel elles croyaient partager leur existence !

Que voilà donc une affaire mal engagée ! Comment Yuan Li va-t-il s’en sortir ? Vous le saurez au prochain numéro

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